21-03-2018
Marrakech, la ville rouge
Nathalie Guilbert
Ayant décidé sur un coup de tête et à la dernière minute de nous rendre à Marrakech, c’est une fois de plus grâce à la complicité de Nathalie Guilbert de Groupe Voyages VP (croyez-moi, on la veut tous comme amie) que nous sommes parvenues à confirmer notre séjour, en quête des meilleures adresses de la ville. Bienvenue dans le berceau des mille et une nuits !
Dès notre arrivée à l’aéroport de Casablanca, un chauffeur nous attend pour nous conduire à notre destination. 2h30 de voiture sur une route parsemée d’habitations modestes et parfois de bidonvilles; on sent déjà la chaleur et la proximité du désert. Nous sommes d’abord étonnées par la façon de conduire des locaux : étourdissante, avec des virages spontanés, souvent en milieu de route où chacun fonce pour se frayer un chemin – modus operandi difficile à comprendre –, le tout sous les bruits de klaxons répétés. Au Maroc, on se rend vite compte que n’entre pas qui
veut dans les établissements; une inspection minutieuse de la voiture est obligatoire afin d’assurer la sécurité avant le passage.
Premier constat : Marrakech cause un grand choc culturel en ce qui concerne les images, les sons et les parfums. On peut entendre au moins cinq fois par jour le chant d’appel à la prière de la grande mosquée. Sous un divin ciel bleu, dans un environnement de palmiers et de bâtiments dont aucun ne dépasse cinq étages, la ville est colorée et grouille de monde, de voitures et de véhicules de fortune. À l’échelle humaine, le contraste est saisissant entre gens riches et pauvres. Peu importe, tout le monde est gentil et accueillant, et on parle très bien la langue de Molière.
Un guide est fortement recommandé pour nous conduire dans les dédales de la médina, que plusieurs appellent aussi les souks. Le guide nous évite non seulement de nous perdre dans ce grand labyrinthe, mais sa présence rassure et nous protège des passants pressés. Il sait nous diriger vers les adresses de lieux que nous avons envie de découvrir. C’est un immense marché à ciel ouvert où l’on trouve une grande variété de marchandises artisanales : paniers, articles de cuivre ou de cuir, bijoux, babouches, lanternes, tapis, cachemires… Il n’est pas rare d’apercevoir les artisans à l’oeuvre. Mais attention : s’engager dans ces ruelles étroites et inégales, c’est s’exposer au risque d’être bousculé par de petits convoyeurs, des motocyclettes, voire des charrettes tirées par des mulets. Les odeurs se font de plus en plus intenses lorsque nous traversons la zone des épices, étalées dans de grands sacs multicolores. L’ambiance nous donne envie de prendre des photos, mais nous sommes rapidement rappelés à l’ordre; les Marrakchis n’aiment pas se faire croquer par l’objectif, à moins de se voir offrir quelques dirhams. En visitant la ville, nous sommes frappées par les contrastes saisissants entre les bâtiments historiques et les habitations de fortune, les riads, boutiques et autres kiosques improvisés. Ce méli-mélo de produits offerts a quelque chose de très impressionnant; une sorte de théâtre quotidien où plusieurs viennent se ravitailler, car cette orgie de marchandises propose aussi des denrées alimentaires, de la viande crue dont d’imposants quartiers de bœuf, des poissons et de la volaille étalés dans des comptoirs et des caissons, à la température ambiante ! Tout comme les marchands, je prends plaisir à négocier ce qui me fait envie. Bien que fière d’avoir conclu mes achats par une réduction de prix d’au moins cinquante pour cent, je me demande si j’aurais pu faire mieux puisqu’aucun marchand n’a refusé mes offres.
À la sortie des souks, nous débouchons sur la grande place, où sévissent des charmeurs de serpents, des tatoueurs et des kiosques de bouffe rapide qu’il est préférable d’éviter. La grande mosquée est juste à côté et on s’y arrête un peu. Seuls les musulmans sont acceptés à l’intérieur des mosquées. Nous poursuivons notre balade au cœur de Marrakech par la visite de deux palais, l’un aux jolis jardins et cours intérieures et le second, au cœur des ruines d’un passé plus glorieux. Autre incontournable, le Musée Yves Saint Laurent, qui présente une exposition sur son oeuvre que nous prenons plaisir à découvrir. S’ensuit une promenade au magnifique Jardin Majorelle, puis un peu de shopping rue de la Liberté. Lorsqu’on a beaucoup à voir, il est de mise de réserver les services d’un chauffeur de taxi à la journée ou à la demi-journée. Côté gastronomie, nous sommes assez choyées. Le Comptoir, le Grand Café de la Poste, Le Petit Cornichon et Bo Zin sont d’excellentes
adresses. Le cumin et le safran sont les épices maîtresses de la région, tout comme le délicieux thé à la menthe. Seul bémol, on fume encore dans tous les lieux publics, restos compris. Notre coup de cœur va à La Villa des Orangers, où nous avons également eu le plaisir de loger. Membre du groupe Relais & Châteaux, cette enseigne est un véritable refuge de paix et d’harmonie. Ancienne
demeure d’un juge renommé, l’hôtel a été entièrement rénové selon les directives des propriétaires actuels, qui en ont fait une oasis de charme et de bon goût. On aime s’attarder aux nombreuses pièces et aux objets uniques qui en composent le décor, souvent des vestiges de précédents voyages. Le personnel, discret, est très attentionné et d’une remarquable gentillesse, au point qu’on a l’impression d’être de la famille. D’ailleurs, la plupart de ses membres y sont depuis plusieurs années, et nombreuse est la clientèle qui se plaît à y retourner. Les suites sont très confortables, et plusieurs d’entre elles bénéficient d’un espace terrasse privé.
Au-delà du confort et de l’emplacement judicieux – entre le Palais Royal et la place Jemaa el-Fna –, le personnel de la Villa nous propose d’organiser nos visites. Nous avons opté pour une promenade vers les montagnes de l’Atlas, chaîne de montagnes enneigées aux abords de la ville. On a pu y découvrir des villages berbères où l’on vit dans une grande simplicité. Le Maroc étant un pays de contrastes, nous nous sommes ensuite arrêtées au prestigieux hôtel Kasbah Tamadot, propriété du célèbre Sir Richard Branson, avec qui nous avons échangé quelques mots; l’homme est sans contredit d’une belle générosité. Nous avons eu le bonheur de savourer un délicieux repas en terrasse avec vue imprenable sur une jolie piscine entourée de palmiers, et les montagnes de l’Atlas en fond de scène. Magique ! On ne peut visiter le Maroc sans faire l’expérience d’un hammam, soin signature du Maroc dont nous avons découvert les vertus à la Villa des Orangers. Les hammams – où l’on se sent transporté dans une autre époque – sont offerts aux femmes et aux hommes. Le soin débute par un savonnage complet au savon noir, et c’est allongé à même le sol de marbre que débute l’exfoliation au gant de crin, de la tête aux pieds. On en sort débarrassé de la moindre peau morte. Comment résister à l’envie de poursuivre le soin par un massage de détente à l’huile d’argan ? La mythique Marrakech au soleil immuable, aux couleurs et aux parfums enivrants – où de nombreuses célébrités ont d’ailleurs leur résidence secondaire –, est un fabuleux choc culturel qui donne envie d’y revenir au plus vite…
Texte par Manon Lemire pour Mixte Magazine