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19-07-2013

Les Héritiers : Marie-Hélène Jacques et Suzanne Brossard chez Voyages Fleur-de-Lys

Marie-Hélène Jacques

Cet article est le 2ème épisode de la série estivale Les Héritiers
André Désiront, expressvoyage.ca, vendredi 19 juillet 2013.

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Marie-Hélène Jacques, directrice de Voyages Fleur de Lys et Suzanne Brossard, la fondatrice.

C’est par hasard que Marie-Hélène Jacques a repris la direction de l’agence fondée par sa mère, Suzanne Jacques, ancienne présidente de l’ACTA et figure très en vue de l’industrie dans les années quatre-vingt. En fait, Voyages Fleur-de-Lys, important détaillant de Montréal affilié au réseau Carlson Wagonlit, n’a réintégré le giron familial qu’après une interruption de 15 ans. Car Marie-Hélène Jacques, qui est avocate, n’avait jamais envisagé de devenir propriétaire d’une agence de voyages.

Membre du Barreau du Québec, Marie-Hélène a pratiqué le droit – avec une spécialisation en droit municipal – pendant plusieurs années. Suzanne, sa mère n’avait jamais envisagé de voir ses filles – elle en a deux autres – prendre sa relève à l’agence. «Je voulais que mes enfants étudient le plus possible et fassent ce qu’elles aiment, dans la vie», explique-t-elle. «Quand Marie-Hélène a manifesté l’intention de devenir avocate, j’étais ravie. Ce n’est pas précisément le genre de diplôme qui conduit à la profession d’agent de voyages. Donc pour moi, ce fût un revirement de situation étonnant.»

 

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Suzanne Brossard

Suzanne Jacques avait fait ses premières armes dans le métier chez Travelaide – un des grands détaillants montréalais de l’époque! – en 1970. Quatre ans plus tard, elle fondait Voyages Fleur-de-Lys. L’agence, qui fût un temps affilié au réseau Club Voyages, a déjà déployé trois succursales : à Magog, St-Eustache et Berthier. Sa propriétaire siégeait alors sur le conseil d’administration de Consultour/Club Voyages et sur celui de l’ACTA-Québec, dont elle fut la présidente en 1984 et 1985. Davantage passionnée par la vente (elle continue à desservir sa nombreuse clientèle personnelle) que par la gestion, en 1997, elle vendait l’agence à Lucie Nobert, ancienne copropriétaire de Club Voyages Rosemont et fondatrice du grossiste Accent Voyages, qui a depuis fusionné avec Tours Chanteclerc.

Entretemps, à la suite d’une interruption de grossesse inopinée, sa fille Marie-Hélène se voyait recommander par son médecin de ralentir ses activités. «Le milieu du droit est un environnement très exigeant, ce qui pousse souvent les avocats au surmenage», constate Marie-Hélène Jacques. «Lorsque mon médecin m’a ordonné de ralentir, j’ai voulu marquer un temps d’arrêt et j’ai demandé à ma mère de me confier, au sein de son agence, un emploi sans grandes responsabilité, afin de me permettre de souffler un peu.» C’est ainsi qu’elle est devenue… réceptionniste. «J’ai adoré le milieu, dit-elle. En fait, je le connaissais déjà un peu, même si je n’y avais jamais travaillé. Quand j’étais adolescente, ma mère convoquait régulièrement des conseils d’administration de l’ACTA et de Club Voyages à la maison. J’ai vu défiler chez nous beaucoup de dirigeants de l’industrie. Moi, tout en servant le café et les boissons à ces gens-là, je les écoutais parler, ce qui, sans que je fasse d’efforts particulier, me familiarisait avec les problèmes et les enjeux du domaine.»

Lorsque Lucie Nobert a racheté Voyages Fleur de Lys, Marie-Hélène était persuadée qu’elle se débarrasserait de la réceptionniste, qui se trouvait également être la fille de l’ancienne propriétaire. Ce ne fût pas le cas. «Je faisais déjà un peu d’administration et j’aimais cela. Lucie m’a regardé fonctionner et, un jour, elle m’a dit : «Toi, tu es bonne en gestion. Tu vas t’occuper de toutes les tâches administratives.» Marie-Hélène se voyait ainsi propulsée du fauteuil de réceptionniste à celui de directrice de l’agence. «Tout comme moi, Lucie estimait que pour bien se maintenir en selle, un détaillant devait veiller à maintenir son chiffre d’affaire au-delà d’une certaine masse critique», raconte Marie-Hélène. «Nous avions donc décidé de grossir et, pour cela, de faire des acquisitions. Nous avons identifié plusieurs grosses agences dirigées par des gens assez jeunes et notre choix s’est porté sur Voyages Yvon Dupuis, qui était alors la propriété de Josée Casavant.» Les deux détaillants ont fusionné en 2007. Mais comme les deux copropriétaires n’avaient pas la même vision du développement, Josée Casavant est partie et Lucie Nobert s’est retrouvée seule actionnaire de l’agence.

 

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Marie-Hélène Jacques

«Lucie voulait que je devienne actionnaire, mais à l’aune des critères en vigueur dans les milieux du droit, d’où je venais, le risque me paraissait trop grand pour un retour sur investissement bien mince», remarque Marie-Hélène Jacques. «J’ai néanmoins cédé et pris une participation dans l’entreprise, lorsque Josée Casavant a quitté. Et je suis devenue la seule propriétaire quand Lucie Nobert a décidé de se retirer, en 2012.»

Voyages Fleur de Lys/Dupuis emploie actuellement une trentaine de personne et la nouvelle propriétaire est à l’affut des occasions d’acquisitions. «La masse critique de revenus est très importante à mes yeux, parce qu’elle seule permet de se payer les outils informatiques indispensables pour soutenir la concurrence», estime-t-elle. «Le fait d’être une grosse agence vous ménage également un accès aux dirigeants des gros fournisseurs. La majorité des compagnies aériennes n’affectent plus de représentants aux petites agences. Nous, les grosses, nous parvenons encore à nous faire entendre.»

Elle précise qu’elle envisage également les possibilités de collaboration. «Si un propriétaire d’agence de Rouyn, par exemple, décroche un compte important, alors qu’il ne dispose pas de tous les outils et de tous les contacts pour le desservir adéquatement, nous pourrions envisager une association ou une autre forme de collaboration. D’ailleurs, dans ce domaines, les propriétaires auraient intérêt à se parler davantage et à mettre certaines ressources en commun.»

Lorsqu’elle s’est retrouvée seule à la barre de l’agence, Marie-Hélène Jacques s’est demandée si elle serait en mesure de maintenir l’entreprise sur les rails de la prospérité. «Mais j’ai vite compris que je n’étais pas seule : je pouvais compter sur le soutien de l’équipe. Je suis fier d’eux et si j’ai le goût de venir travailler tous les matins, c’est en grande partie grâce à eux», dit-elle.

Quant à Suzanne Jacques, elle trouve sa fille «bien courageuse». «Je ne voudrais plus être à sa place, avoue-t-elle. J’ai réalisé beaucoup de choses dans cette industrie, mais je crois que c’est plus difficile de gérer une grande agence aujourd’hui, qu’à l’époque où j’étais propriétaire. Pour prospérer, une agence doit maintenant se positionner dans des créneaux porteurs et augmenter continuellement son volume d’affaires, au risque de se faire dépasser.»

Source : André Désiront, expressvoyage.ca, vendredi 19 juillet 2013.
http://www.expressvoyage.ca/reportages.php?sequence_no=44305

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